Récit Laurent S:
Dimanche 1er juillet 2018,
Trail des Roches à Dabo
Pour ce dernier rendez-vous de la saison, je me suis choisi un joli défi : mon premier trail de 32 km sur un tracé escarpé, 1280 D+. Si on m’avait dit voilà 5 ans, moi le coureur de bitume et de 10 km, que je doublerai les 6 Jours et un tel parcours nature, je ne l’aurai pas cru. La vie sportive est ainsi faite de défis passionnants. Ce dimanche, je suis le seul Bleu dans ce magnifique coin verdoyant des Vosges non loin de l’Alsace, poursuivant mon apprentissage du trail. Je n’ai aucune expérience de la gestion d’un effort sur plusieurs heures. Pour l’occasion, je voyage avec la section trail de l’US Toul, mon frère en tête. J’ai décidé de la jouer cool, sans stress, et de partir doucement (conseil multi répété de Lolo Béglé). La navette de bus a amené les coureurs sur le site de la course.
A 9 heures, le départ est donné. Je pars tranquille et déjà ça monte jusqu’au rocher du corbeau et un beau point de vue sur les Vosges. Au début c’est très plaisant, on a l’impression de partir en rando. Dans un décor de falaises et de rochers, de vestiges gallo-romains, la succession de montées casse-pattes et de descentes techniques commence à user les organismes. Voilà le km 10 et le premier ravito au milieu d’une clairière où le soleil tape dur. La course se faisant en majorité dans les bois, le soleil ne sera pas un obstacle majeur. Les kilomètres défilent, pour l’instant les jambes sont là, l’odeur de pin est bien agréable. C’est même ludique à certains endroits, au milieu des mousses, où on enjambe de petits ruisseaux. Au cœur de la forêt, je suis tout seul durant de long kilomètres, je me sens alors tout petit, dans cette immensité naturelle. Le point numéro deux de ravitaillement, la croix du loup, approche, cela tombe bien car je commence à avoir de petites crampes sur une interminable portion de marche forcée. Je récupère plusieurs minutes. Il reste maintenant une bonne dizaine de kilomètres. Pas d’affolement, pour l’instant j’ai bien géré, je bois régulièrement, m’alimente, mais une certaine euphorie me guette. Voilà le point culminant du parcours : l’Eichelkopf et des 750 m d’altitude, un raidillon que je grimpe comme je peux, style crapaud ou dans le genre. Par un joli sentier sous les sapins, je débouche sur le clou du spectacle,
le fameux rocher de Dabo, perché à 647 m. La montée est vraiment magique, une impression de liberté et l’envie de voler avec une vue à 360° sur les Vosges. Je croise des coureurs soit montant ou descendant, sourires, tape dans les mains, on partage le même bonheur d’être là. Avec le petit mot gentil des bénévoles. Mais ce n’est pas fini, il reste 3 ou 4 kilomètres. J’apprécie de moment, je respire à plein poumons, j’ouvre grands les yeux. Me voilà dans la traversée du village, une dernière bosse (que je n’aime pas du tout) dite du calvaire, et tout là-bas, elle est là, la banderole d’arrivée. Je franchis la ligne au bout de 5 heures d’efforts, ravi, fatigué, pleins de sentiments mêlés. Mon frère et ses potes me font une standing ovation. Je ne suis pas mort de fatigue, suis surpris d’ailleurs. Mais vite la douche, hyper froide : jamais autant apprécié l’eau ! L’heure des binouzes. Le retour à la maison est le diagnostic du jour : un peu cassé de partout, mal au dos, aux cuisses, aux fesses… Avoir goûté à une telle expérience m’a juste donné envie de recommencer. Dans ma découverte du trail entamée ce printemps, j’y suis allé progressivement, 16, 26, 32 km. A ce moment, j’ai bien conscience que je ne pourrai plus me contenter d’un 15 km… Je suis très gourmand pour la suite. Pour l’heure, après une saison bien remplie, je vais faire une coupure d’1 mois complet sans baskets.
Trail des Roches :209e sur 267 en 4 h 59 : 37