Récit Bénédicte T:
Les miracles de la colline de Sion
La petite fille de la colline a bien grandi. Même si elle n’a pas élue demeure dans les monts, elle y a fait petit à petit son terrain de jeux. Et surprise elle-même, elle se rendit compte qu’elle commençait à vraiment bien aimé cela. Qui l’eût cru !
La petite et éphémère appréhension de ce nouveau défi de distance (25 km) qu’elle ressentait au départ, était alimentée par le spectre de Virginie. Virginie était une grande fille qui devait ramasser les éventuels blessés, abandonnés, fatigués, derniers. La jeune fille crut l’entendre et la voir à plusieurs reprises dans son dos (elle fut même prise d’un mirage la voyant la dépasser), mais tout cela n’était qu’imagination.
Le dénivelé ? Aucun effet. 200, 500 ou 900, elle ne vit pas la différence. La petite a gardé cette part de naïveté qu’elle ne s’expliquait plus.
Reprenant ses esprits, elle se mit à se transporter dans un monde anachronique dans lequel elle avait vu, à travers une lucarne lumineuse, le parcours de l’UTMB filmé en direct. Elle se prit à s’intégrer dans ces traileurs, avec son sac à eau qu’elle étrennait ce jour et qui lui permettait de se croire pour un bref instant, parmi les grands. Elle s’amusa de cela.
L’heureuse jeune fille poursuivit son chemin sans embûches. Elle pensa à ses coachs Thomas et Hugues, à qui elle voulait faire honneur. Pour cela, sans que ça lui coûte beaucoup d’efforts à le faire, elle s’efforça tout au long de la course de réduire ses temps de marche, de rester en mode trail-compétition en appuyant bien sur les cuisses lors des montées au pas de marche, et à repartir en course 15 mètres avant la fin de la montée pour pouvoir relancer correctement sur le plat. Elle remercia Maurizio pour ce précieux conseil qui s’était avéré très efficace. Lorsqu’elle arriva dans la grande prairie, elle se remémora également les dires de Mickaël : « Tu crois que c’est fini lorsque tu tournes, et là, boum ! C’est un mur de champ d’herbes qui t’accueille pour trrèèès longtemps ». Oui, certes, elle était impressionnante cette montée, mais encore une fois, la petite traileuse accepta cette nature, sans vouloir la défier, mais en entrant en communion avec elle.
N’ayant pas peur de se perdre grâce au balisage mis en place, il était aussi plaisant de saluer les bénévoles qui furent tous souriants et encourageants. Les habitants de la colline avaient soigné l’accueil de ses visiteurs. Très affables, ils se montrèrent exemplaires. Merci à eux.
Enfin, que ne serait la colline de Sion sans le kilomètre Ascen’sionnel ? Mais quand vous savez que votre prince vous attend en haut, et qu’il vous incite à relancer les 600 derniers mètres, c’est l’aboutissement d’un long et beau parcours.
Dans sa malle à trésors, la jeune fille pourra ajouter ce plaisir vécu et sa petite fierté (temps estimé 3h30 ; temps espéré 3h15 ; temps réalisé 3h01).
Des mini-bleus aux grands bleus, l’ACGV a dominé la colline ce matin, avec le sourire satisfait de tous.
Le miracle de Sion réside dans le fait que la nature vous offre un cadeau. Elle vous invite chez elle, amicalement, elle vous fait sentir qu’elle n’est pas là pour vous écoeurer, ou vous rendre la vie dure, elle veut simplement partager son chez-elle avec vous. De ce fait, le coureur répond volontiers à son invitation pour son plus grand bonheur.