Chacun y est allé de son petit retour d’expérience, je vois que cela est devenu une tradition au club et je trouve cela très bien. C’est un plaisir de lire les impressions de chacun et je me plie de bonne grâce à l’exercice. 🙂
Comme chaque année en ce début d’été, voici le retour des 6 Jours du Toulois, épreuve mythique qui m’a toujours fait rêver et continue de m’animer chaque fois que j’en prends le départ.
C’est toujours un moment particulier car c’est le début des beaux jours (bon, pas trop cette année…), c’est le début des grandes vacances pour les enfants, les jours sont plus longs, il y a comme une atmosphère de fêtes durant cette semaine-là.
C’est aussi l’occasion de revoir de vieilles connaissances, des coureurs et des adversaires de longues dates, certains, me concernant, que je connais depuis maintenant presque 30 ans ! Et qui sont devenus des copains…C’est l’une des principales raisons qui me motive à venir car une fois la ligne franchie, c’est l’esprit d’entraide et la camaraderie qui prédomine entre nous.
Les 6 Jours du Toulois, c’est aussi une bataille de tous les jours, contre soi-même avant tout mais aussi face à l’adversité pour conserver coûte que coûte sa place, aller chercher les secondes ou les petites minutes qui nous séparent de celui qui nous précède au classement. Et éviter que d’autres face de même pour nous dépasser.
Il y a alors comme une petite tension qui s’installe durant ces 6 jours, une montée d’adrénaline à chaque départ, la peur d’avoir un jour sans car la vérité d’un jour n’est pas toujours celle du lendemain en course à pied. Mais en réalité, même si on craint de ne pas pouvoir tenir ce rythme de dingue toute une semaine, voir ses jambes se raidir étape après étape, il n’en est rien. Chaque soir, on est à fond et chaque soir, on retrouve nos meilleures jambes, y mettant la force et la vaillance qu’il faut comme la veille au soir.
Je finirais par dire que l’on ne peut pas tricher avec les 6 Jours. Il faut être bien préparé, solide pour encaisser l’enchaînement des courses et tenir jusqu’au terme de l’épreuve. On ne peut pas y aller la fleur au fusil. Sur une unique course, on peut surperformer ou être dans un jour sans. Mais sur un enchaînement d’une semaine, cela te classe là où tu dois être par rapport aux autres, à condition de se donner à fond sans trop calculer.
Me concernant, je suis revenu en France presque pour cette unique raison, participer aux 6 Jours. J’avais cette petite fenêtre de tir pour revenir d’Autriche avec mes 2 petites filles et j’ai saisis l’occasion qui se présentait. J’ai en plus appris avec joie que j’allais pouvoir faire partie de l’une des équipes des bleus ce qui rajoutait un supplément de motivation à ma participation. Je remercie à cette occasion Thomas et l’équipe des Blue-Win pour leur accueil et l’esprit d’équipe qui nous a rassemblé durant cette semaine. A part Greg, je ne connaissais aucun d’entre eux et cela a été aussi l’occasion pour moi de rencontrer de belles personnes, tous aussi avenants et sympathiques les unes que les autres. Nous avions une équipe de guerriers, d’un niveau très homogène et il ne nous a pas manqué grand-chose pour monter sur la 1ère marche du podium le samedi aprem. Bravo aussi aux autres équipes de Bleu(e)s qui se sont tous battus comme des lions durant 1 semaine, portant fièrement les couleurs de l’ACGV !
Sportivement parlant, je n’ai pas abordé la 1ère étape dans les meilleures dispositions. J’étais dans une période difficile depuis 1 bon mois, plus mentalement que physiquement, après un énième échec face à mon objectif sur marathon et une grosse désillusion sur le Trail des Forts, qui était l’un de mes objectifs de la saison, ayant pris le départ avec une bronchite. Je ressentais de la lassitude ces derniers temps et je n’abordais pas les 6 Jours à mon meilleur niveau. Et pour rendre les choses encore un peu plus compliquées, mon vol de la veille avait été annulé 1h avant le décollage, repoussant mon arrivée en Lorraine de 15-16h le samedi à 1h du matin, quelques heures avant le départ de l’épreuve. Petite nuit donc, fatigue mentale d’avoir dû canaliser mes 2 petites filles pendant cet interminable voyage, j’étais épuisé avant même le coup de pétard.
J’ai donc couru cette 1ère étape à Villers-le-Sec sur courant alternatif, galérant dans chaque montée, les jambes aux abonnées absentes, me relançant sur le plat et les descentes et souffrant particulièrement sur les 2 derniers kilomètres, marchant même pour rejoindre l’arrivée. Pas grave, on est lancé dans notre périple, ce n’est que la 1ère, je sais que le plus dur est passé et que cela ne peut qu’aller vers le mieux ensuite. Je le sais, je vais comme à chaque fois, monter en puissance et m’exprimer de mieux en mieux la semaine avançant. 9ème au général.
2ème étape à Bicqueley. L’étape m’est plus favorable. Je me sens déjà plus reposé alors je tente de suivre les fusées (Greg B., Guillaume B., Mbarek) lors de l’unique montée du jour afin de jauger mon état de forme et mon niveau. Forcément, je me crame, je décroche du groupe en haut de la montée et me retrouve seul pendant presque tout le reste du parcours, testant ma capacité à résister au retour de l’arrière. Seul Rémy U. reviendra sur moi à 3km de l’arrivée et me reprendra 45“ sur la ligne. 8ème au général.
Voilà l’étape tant attendu de Bulligny. Comme les mythiques montées de l’Alpes d’Huez, le Tourmalet ou le Ventoux au Tour de France, les 20km de Bulligny sont indissociables de ce qui fait la beauté des 6 Jours. C’est généralement là que les gros écarts peuvent se faire, que le classement général souvent se fige. On peut beaucoup y gagner mais aussi tout y perdre. Tous les valeureux participant des 6 Jours le savent, les 3 derniers kilomètres à travers les vignes, parsemés de bosses, sont souvent un calvaire. Il fait très chaud, je ne veux pas me griller alors je pars plus calmement que la veille, essayant d’en garder sous le pied jusqu’en haut de l’interminable 1ère montée. Je suis encore mieux que la veille, je reçois le soutien d’abord d’un gars du COS qui participe aux 3 Jours, entre le 5ème et le 12ème kilomètre, puis l’appui de Bouchaid dans la descente finale avant les vignes. On avance sur un gros tempo (3’15) avec Bouchaid, je sens que les jambes m’abandonnent en bas de la descente (15ème kilomètre), je suis doublé dans la foulée par Rémy et je lutte ensuite jusqu’au bout pour ne pas prendre un trop gros éclat. Je continue tranquillement à grignoter au classement, 7ème au général suite à l’abandon de “Rosa“.
Après une journée de repos bien mérité, se présente devant nous Chaudeney. Parcours inédit avec une succession de montée en toboggan inversé. Ma stratégie est claire. Je vais partir très tranquillement, au contact de Rémy et de Thibaut G. (à quelques secondes devant moi au classement) et tenter de leur faire mal dès que la route s’élèvera en envoyant des “pains“ pour les user. Je réussi presque mon coup en les distançant tous les deux en haut du plateau. Seulement, je me suis moi-même mis dans le rouge et comme à chaque étape, Rémy finit par me reprendre et me remettre une vingtaine de secondes au classement. J’ai la confirmation qu’il est plus fort que moi mais je conforte ma 7ème place au général me rapprochant de plus en plus de la 6ème (à 8 secondes).
Place à Charmes-la-Côte, étape également mythique par son format, le contre-la-montre et cette particularité de partir l’un derrière l’autre avec 30 secondes d’écart entre chaque coureur. Je cours toute l’année seul donc j’ai l’habitude des efforts solitaires et c’est une distance courte ce qui est à mon avantage (je n’avais cette année que 10-12 kilomètre d’autonomie dans les jambes à chaque étape) Alors, je pars avec une grosse envie, très motivé, convaincu que je peux faire un gros truc. Le seul hic, dans cette étape, c’est qu’il vaut mieux être chasseur que chassé et Thibaut. qui me précède de quelques secondes au classement, part juste derrière. Il ne faut donc surtout pas que je lui laisse l’espoir de revenir sur moi. Je gère la montée pour ne pas faire monter trop le cardio puis j’envoie toute la sauce. Les sensations, je le sens, sont enfin là, je suis en pleine possession de mes moyens, à mon meilleur niveau. Je maintiens un gros tempo du début à la fin, pas de baisse de régime. Le trou se fait avec l’arrière, Thomas ne reviendra pas et je lui reprendrais beaucoup de temps au classement. Enfin la course référence que j’attendais, beaucoup de plaisir pris et une place gagnée au général. Preuve que Rémy (5ème au général) est trop fort pour moi, on terminera dans la même seconde…
Il faut enfin conclure avec l’étape de Toul. Je ne suis pas inquiet pour mon classement, ça semble joué. Mais je veux tenter une dernière fois de faire vaciller Rémy qui est à 1’30 devant moi et pourquoi pas renverser la table pour prendre la 5ème place. Il n’y a qu’une façon de le faire. Suivre Greg B. le plus longtemps possible, voir jusqu’à la ligne d’arrivée, pas une mince affaire. Je suis costaud sur les premiers kilomètres, cours au contact de Greg jusqu’au 4ème kilomètre. Malheureusement, l’accumulation des efforts de la semaine et l’extrême lourdeur de l’atmosphère a raison de moi à la mi-course. Je décroche, commence à piocher et voit une fois de plus Rémy me doubler, au 6ème kilomètre. Game over, mon coup de poker a été vain. Je lâche dans la tête et finit en roue libre, heureux et libéré, comme tous les autres de franchir la ligne. 6ème au général, la meilleure place possible.
L’équipe de Blue-Win a trop assuré ! (6ème, 9ème, 11ème, 13ème et 19ème) Que demander de plus avec une telle homogénéité, beaucoup d’entraide et de fraternité entre nous. Je suis convaincu que les plus jeunes d’entre nous peuvent encore passer un cap et s’améliorer, Thomas progresser car jeune dans la discipline, Greg retrouver ses jambes de 20 ans J’espère pouvoir revenir l’an prochain pour qu’on décroche enfin cette victoire en équipe ! 🙂
Mention spéciale à nos supporters du soir, JP, Clément, Pascal, Vanessa et ceux que j’oublie. C’est important d’avoir ce soutien. Bravo à tous les Bleu(e)s qui sont allé(e)s au bout de l’effort. Il faut le faire ! Et merci à tous les bénévoles de l’US Toul, sans qui rien ne serait possible.
Bon, selon Clément, il paraît que quiconque fait son 1er compte rendu au club, doit payer sa bière. J’étais un peu long sur mon compte-rendu, j’espère que l’on ne va pas me demander de ramener un fût !!
Allez, tchao à tous !
Au plaisir de vous revoir sur une prochaine course...ou l’an prochain sur les 6 Jours !