Lorsque le 10 septembre 2017, je franchis la ligne d’arrivée de l’infernal 120, je m’étais dit « plus jamais ça ».Il est vrai que cette édition s’était déroulée dans des conditions climatiques particulièrement humide et cela m’avait laissé un souvenir mitigé, j’avais subi la course de bout en bout. Et puis, le temps passant, les magnifiques vidéos de l’organisation et l’envie d’aller toujours un peu plus loin, ma future participation faisait son petit bonhomme chemin dans mon esprit. L’inscription de mon acolyte Jean Jacques Denizot, à qui je devais d’être finisher en 2017, rendait inéluctable la mienne. Restait la météo, et comme un signe, les prévisions semblaient indiquer qu’elle allait être favorable. En ce 30 aout , me voilà donc inscrit à cet infernal 200. Le compte à rebours se met en place, il va falloir gérer un grand nombre de petits détails qui, mis bout à bout, feront de ce défi, une réussite. Préparer ses paquetages pour les 3 bases de vie, penser aux différents matériels nécessaire (montre, frontale, recharge, etc …) Et surtout, se préparer mentalement afin d’anticiper les futures difficultés qui ne manqueront pas de se dresser pendant ce trail. Enfin, bien dormir afin d’être dans les meilleurs conditions possibles. Les jours passent mais sans pression excessive, ma petite expérience sur des distances inférieurs fait que je gère plutôt bien cette avant course. Et comme les bonnes conditions climatiques se confirment (c’était l’une des craintes voir mon obsession), tout semble réuni pour réussir cette belle aventure.
Jeudi 6 septembre, arrivé sur place vers 17h, je participe à la séance de sophrologie pré course, je ne voulais pas la louper car pour y avoir assisté un an auparavant, elle permet vraiment de se mettre en condition. S’en suit le retrait du dossard, le repas puis une enième vérification de mes sacs. J’arrive à dormir un peu. 22h45, la musique commence à monter dans les watts, on y est !!! L’appréhension se lit sur les visages des différents coureurs alors que retentit « highway to hell ». Je rejoins JJ sous le grand hall afin de prendre un dernier café, un bout de brioche. Comme l‘année dernière, on fera la course ensemble. Il est en compagnie de Stephanie Bultel qui va nous suivre tout le vendredi sur les différents ravitos. Il avait tout prévu, en effet, j’avoue avoir négligé cet aspect des choses mais heureusement l’expérience de mon compère fait merveille. Il est clair que cette assistance est primordiale pour gérer tous les petits détails (frontales, recharger les batteries, se délester d’un vêtement, etc ) . L’heure tourne, l’organisation nous invite à rejoindre la raquette de départ pour le briefing après avoir contrôler nos sacs. Je retrouve Christophe, un ami traileur, qui s’élance lui aussi sur le 200, et Laurence Parisot , son amie, qui va le suivre tout au long du trail .Un magnifique feu d’artifice vient illuminer le stade des Perrey. Puis « Tristan » de Two Steps from Hells résonne à quelques minutes du départ, le souffle est court, l’émotion me gagne, mes yeux s’embuent, c’est l’heure, le décompte s’enclenche, c’est parti !!!!
Premier objectif, ne pas partir trop vite et gérer au mieux la barrière horaire de Rochesson au km 38. Ce que nous ferons sans encombre puisque nous y aurons presque 2h d’avance. Le rythme est bon, les kilomètres défilent.
Km 58, il est 11h, 1ère base de vie atteinte, on prend notre temps, on se change, un repas chaud nous est servi, on recharge les accus sous la bienveillance de Stéphanie et Laurence qui suit Christophe, un peu distancé.
A partir de là, le parcours est une inconnue pour nous, en effet, le 120 et le 200 sont commun du km1 au km 58 puis du km 140 jusqu’à l’arrivée et, là, une boucle de 80 km nous attend (tout est relatif dans l’ultra !!!) Et quelle boucle, caillasse et sommet sont au rendez vous.
15h, on atteint le Marsktein , lieu de départ du trail des Crêtes. Je retrouve un savoyard, double finisher de l’utmb , que j’avais croiser la veille sur le parking, il est affalé sur un siège en train de dormir profondément. Les Vosges ne se domptent pas comme cela, j’apprendrai plus tard qu’il aura abandonné. Idem pour Christophe qui, suite à des douleurs au niveau du talon, doit se résigner à faire de même. Cette nouvelle nous attriste mais il faut continuer.
19h, km 93, ouf, le Grand ballon est enfin passé, il est temps de faire une micro sieste et de bien se restaurer car la montée du Grand Ballon a laissé des traces.
20h40, km 101, on est à mi course !!!!! les 8 km de descentes ont été avalé goulûment à tel point que l’on est arrivé avant notre suiveuse !!! On se fait plaisir, petit massage par le Dr en chef de l’infernal, on discute, on reste presqu’une heure. Bon, va falloir y aller quand même.
Direction Rouge Gazon, km 116, nous sommes samedi, il est 2h. 2ème base de vie, tout va bien, à nouveau, on se délecte des ravitos très fournis, même pas pertubé par un traileur en train de vomir jusqu’à coté de nous, n’est ce pas Stéphanie … Re massage avant d’affronter le col du Drumont à 1200m d’altitude.
Les 12 km pour le rejoindre sont interminables, heureusement, la team nanard se relaie toutes les heures pour me soutenir avec des mots d’encouragements. Je n’oublie pas non plus les autres bleus qui me suivent grâce au live trail. A 5h48, le col est atteint, et un lapin me sert une soupe !!!! La fatigue ferait elle son effet ?? Même pas, c’est un bénévole déguisé qui nous accueille.
Un petit somme à la belle étoile blotti sous une couverture, un café et la prochaine étape sera le retour à la 3ème base de vie, qui est aussi la première, vous me suivez !!!
Direction Frères Jo, le jour se lève mais malgré cela, il nous faut nous arrêter en pleine forêt, nos paupières sont trop lourdes, un vieux banc dans son jus fera l’affaire. Cette nouvelle pause nous fait un bien fou et nous requinque.
8h, km 140, c’est bon, 3ème base de vie atteinte. Il me reste 63 km mais dans ma tête, le plus dur est fait, je connais le parcours qu’il me reste pour avoir fait le 120 en 2017. Stéphanie, après plus de 26 h d’accompagnement, est « remplacée » par Aline Mougenot, quand je vous dis, qu’il a tout prévu le JJ !!! De son côté, JJ est un peu dans le dur, il faut dire qu’il fait ce trail sans batons en prévision de la Diagonales des Fous de l’année prochaine. Sacré programme !!!!
11h, km 153, ca déroule, je remonte plusieurs coureurs, le moral est bon, j’ai lâché JJ à regret mais je me sens vraiment bien, j’en profite même si j’ai toujours en tête l’adage de Mr Jean Luc « quand t’es bien, fais gaffe, ça peut vite tourner » Tant pis, tout ce qui est pris, est pris, allons y !!! Arrivé au ravito de Pré Choffé, je me fais plaisir avec 2 tranches de lard grillé, huummmmm, quelques bonbons haribo et une sucette chupa chups ; quand je vous dis qu’on est traité comme des rois !!!
14h30, km 166, ravito de Reherrey , je rejoint les traileurs de l’Infernal 60 , nous ferons le même parcours jusqu’à la fin. Aline est là, elle me dit que JJ est un peu derrière moi, il gère sa fin de course, je retrouve Jean-Michel Eiffer inscrit sur le 60, petits papotages, tucs , gruyères, saucissons et hop, c’est reparti.
16h30, km 178, je suis vraiment bien, je me fais plaisir dans les single, j’arrive à l’avant dernier ravito. Dernier petit massage en attendant Mr Philippe E, traileur bleu avec beaucoup de références (utmb , diagonales …) qui est sur le 60. En effet, grâce au suivi live, j’ai pu suivre son avancement et fait et dit, le voilà qui débarque à ce ravito. Tout se déroule comme prévu …
19h45, km188, Philippe et sa fille me permettent de rester concentré et de continuer à avancer, un dernier ravito et dernière ligne droite.
23h06, c’est fait, presque normalement, je passe la ligne après 47h04 de course, les 15 derniers km ont été interminables, heureusement, j’étais bien accompagné. Phillipe E me félicite, Merci Monsieur, et je suis surpris de voir Alexandre H, un bleu qui a fait le 60 être la, super sympa.
Une bonne douche réparatrice, une bonne paëla savourée avec délectation et me voilà prêt à attendre mon acolyte du jour que j’avais « lâchement » abandonné quelques heures plus tôt.
1h21, le voilà qui arrive après 49h19 de course, je lui devais bien ça, si j’en suis là, c’est en grande partie à cause ou grâce à lui. On débriefe, on refait le trail. Un rapide coup d’œil sur le live m’indique que l’arrivée de Gérald , bleu inscrit sur le 120 , est prévu vers 3h30. Je m’octroie un peu de repos.
3h41, après 21h39 d’effort, le voilà qui débarque pour conclure sa plus longue distance de sa carrière, bravo Gégé !!!!
La boucle est bouclée, je peux aller dormir sereinement dans ma voiture en attendant la dream team bleu inscrite sur le 30 dimanche matin.
Alors que je dormais profondément, je suis reveillé par deux individus, sans gêne, qui toquent à ma fenêtre … Mais ce sont Tic et toc, ils me félicitent, on prend un café Christophe A , 3ème larron inscrit sur le 30 et sa femme Perrine A inscrite sur 12km nous rejoignent. J’aperçois également Stéphanie T qui s’aligne aussi sur le 30. 9h, le départ est donné sous un beau soleil pur plus de 3h de courses. Une pause s’impose en attendant l’arrivée du 30.
13h, tout le petit monde est arrivé et il est temps de savourer une bonne bière bien fraiche, qu’elle fait plaisir celle là !!!
Voilà donc le long résumé de mon week end, digne de Mr Bruno Rota. Je voudrais remercier mon pote JJ sans qui je n’aurais jamais pu vivre ces expériences extraordinaires, nos suiveuses chic et choc, les bleus pour leur soutien, la team nanard pour le messenger live, coach Bernard, qui a su adapter mes entrainements. Un énorme remerciement à l’organisation et aux bénévoles, toujours, à nos petits soins. Et alors que ma première expérience avait été mitigé, cette année, au contraire, à l’heure ou j’écris ces mots, je n’ai qu’une seule envie, remettre ça !!! Avis aux amateurs